La fruitière est un établissement spécifique des sociétés rurales alpestres, notamment de Haute-Savoie. Elle témoigne de l’importance de cette agriculture locale. C’est une coopérative formée pour traiter dans un local commun, le lait de plusieurs exploitations en vue de la fabrication et de la vente du fromage.

Dès le milieu du XIXe siècle, l'objectif des agriculteurs est de fabriquer du fromage pour utiliser le lait et de pouvoir le consommer en dehors des périodes estivales. Les troupeaux n’étant composés que de quelques vaches, il est difficile de réaliser un fromage avec le lait d'une seule ferme. Il est donc nécessaire de travailler en commun. Le lait doit être livré immédiatement après la traite sans subir aucun refroidissement : l’atelier doit donc être proche du paysan, lorsque celui-ci apporte son lait à pied. Cela explique pourquoi en 1901, la Haute-Savoie compte environ 420 établissements, soit plus d’un par commune. La fabrication d’un fromage techniquement difficile à réaliser conduit les agriculteurs à s’associer avec un fabricant ; le fruitier. La coopérative vend son lait au fruitier qui a l’usufruit des locaux et est le seul responsable de la future chaîne de distribution laitière.

Outre son rôle économique, la fruitière constitue aussi un lieu de socialisation, un des centres de la vie villageoise et rurale. Malgré tout, après les années 1950, on assiste à une nette régression de leur nombre pour arriver à un total d’environ 30 établissements en activité dans les années 2010.

Architecturalement bien pensées et fonctionnelles, les fruitières sont pratiquement toutes construites sur le même modèle : sous-sol avec les caves, rez-de-chaussée pour la fabrication et à l’étage l’appartement du fruitier. Attenante à la fruitière, se trouve souvent une porcherie qui est une annexe des plus utiles puisque les cochons sont nourris avec le petit lait issu de la production... rien ne se perd, tout se transforme !