La crainte des inondations est une préoccupation ancienne des vallées alpines. L’Arve est le sujet d’aménagements depuis le Moyen Âge. La rivière traverse la Haute-Savoie d’est en ouest sur 107 kilomètres et occupe à l’origine une large partie du fond de vallée. Son lit se réduit considérablement au gré des opérations d’endiguement. Ces dernières visent à conduire et stabiliser le cours d’eau dans un lit plus maîtrisé, afin de préserver les routes, terrains agricoles et habitations des inondations saisonnières, voire de gagner des terres cultivables.

Les méthodes et approches évoluent au cours du temps suivant les innovations techniques et l’état des connaissances. D’abord très localisées, les premières digues sont indépendantes les unes des autres et n’empêchent pas les soudaines montées d’eau. Ce n’est qu’à partir du XVIIIe siècle que sont projetés des plans d’aménagement pour l’ensemble de la rivière. Pour y parvenir, les administrations des provinces et des communes font dresser des obstacles successifs en dur pour contrer les divagations naturelles de la rivière. La construction de digues continues et longitudinales à partir de 1850 « emprisonne» le cours d’eau entre des structures de roches et de gravier, dotées d’un plan incliné. Le dispositif est complété par des digues « orthogonales ». Si la situation s’améliore en certains points, les ouvrages engendrent de nouveaux effets. Ils provoquent notamment une augmentation de la vitesse du courant et le creusement rapide du fond du lit.

L’Arve semble maîtrisée à partir de la seconde moitié du XXe siècle grâce à un progrès technique continu. Cette maîtrise technique montre toutefois ses limites face au réchauffement climatique comme le démontrent les derniers débordements de l’Arve ou à l’inverse la question de la disponibilité des ressources en eau qui touche les régions alpines.

• Archives départementales de la Haute-Savoie (Raphaël VAUDAUX). Haute-Savoie : de la frontière au carrefour. Milan, 2010, 335 p.